Exotiques ?
Dans le monde entier, de très nombreuses espèces de plantes, d'animaux et de micro-organismes ont réussi à s'établir à l'extérieur de leur aire de répartition naturelle. Ces déplacements peuvent être provoqués par des phénomènes naturels comme, par exemple, du transport passif de graines de plantes par des oiseaux en migration ou des tempêtes. Mais avec la multiplication des échanges à l'échelle de la planète, elles sont de plus en plus le fait de l'être humain et de plus en plus fréquentes. Ces introductions peuvent avoir été effectuées volontairement, en agriculture ou en horticulture, et, dans la plupart des cas, sans avoir évalué adéquatement les risques de ces introductions sur l'environnement, l'économie et la société (l'étourneau sansonnet, la jacinthe d'eau, la carpe asiatique). Plusieurs sont involontaires, l'introduction s'étant effectuée par accident ou par négligence lors du transport de marchandises (le rat, la moule zébrée) ou de produits d'emballage (l'agrile du frêne). Certaines espèces peuvent aussi facilement être déplacées dans les bagages des voyageurs (la punaise de lit).
Ces échanges s'effectuent à l'échelle de la planète, d'un continent ou d'un hémisphère à l'autre, mais aussi d'une région à l'autre. Toutes les espèces qui réussissent à s'établir à l'extérieur de leur aire de répartition naturelle sont appelées
espèces exotiques.
Exotiques et envahissantes ?
Lorsque des espèces exotiques causent des dommages environnementaux, économiques et sociaux, elles sont considérées
envahissantes. Heureusement, toutes les espèces exotiques (la tulipe par exemple) ne sont pas envahissantes et celles qui présentent une menace sont en minorité. Elles ont généralement des caractéristiques communes qui les rendent difficiles à extirper ou même à contrôler et à contenir, notamment :
- elles sont prolifiques ;
- dans leur nouveau milieu, elles ont peu ou pas de prédateurs naturels et sont peu affectées par les maladies;
- elles ont de grandes capacités à s'adapter à une large gamme de conditions dans des environnements variés ; la plupart peuvent prospérer dans différents types de climats et d'habitats et supporter la compétition des espèces indigènes.
Des impacts importants
Les espèces exotiques envahissantes viennent au deuxième rang des menaces à la biodiversité, après les pertes d'habitats. Dans leur nouvel écosystème, elles deviennent des prédateurs, des compétiteurs, des parasites ou des vecteurs de maladies pour les espèces végétales et animales indigènes, les plantes cultivées et les animaux domestiques. Un exemple parmi plusieurs autres : depuis sa découverte à Détroit en 2002, l'agrile du frêne a rapidement envahi le nord des États-Unis ainsi que le sud de l'Ontario et du Québec et a déjà entraîné la mort de dizaines de millions de frênes. Sur le plan social et économique, les espèces exotiques envahissantes peuvent accroître les risques de maladies chez les humains; réduire la pratique d'activités récréatives, générer des coûts de contrôle élevés, réduire la valeur des propriétés ainsi que la productivité forestière, agricole et piscicole.
Que faire à Saint-Étienne ?
Des espèces exotiques envahissantes sont présentes à Saint-Étienne-de-Bolton et
nous reviendrons dans la prochaine Feuille Verte sur la façon de reconnaître les plus à risque de se propager (roseau commun, renouée japonaise, myriophylle à épi) et sur les moyens de les éradiquer ou de les contrôler. Mais pour éviter toute nouvelle introduction ou propagation,
la prévention est la clé du succès.
- Lors de vos travaux horticoles printaniers, n'utilisez que des espèces indigènes, idéalement celles qui poussent autour de nous, ou des espèces dont la capacité de ne pas devenir envahissantes est bien reconnue. Si vous n'en êtes pas certains, informez-vous auprès des pépiniéristes.
- Ne libérez jamais d'animaux familiers dans la nature, qu'il s'agisse de poissons rouges, de tortues, de furets ou de toute autre espèce exotique. Avec le réchauffement climatique, plusieurs de ces espèces ont maintenant la capacité de se reproduire et de s'implanter.
- Et, pour ralentir la progression de l'agrile du frêne, peut-être jusqu'à ce que des méthodes efficaces de contrôle soient développées, n'importez jamais de bois de chauffage provenant des zones infestées (Ontario, Montérégie et Montréal).